Où on comprend qu'il faut que j'arrête de me droguer aux narrations bizarres, cette tendance est anormale voire glauque.
Deadpool kills the Marvel Universe faisait donc parti de ces comics qu'il fallait absolument que je lise. D'abord parce qu'il était très vivement critiqué par les fans, ensuite parce que Deadpool. Et Noël vint et je fus l'heureuse détentrice d'un petit TPB orné d'un beau "NOT FOR KIDS!".
Si vous n'avez pas l'intention de lire le bouquin, jamais, vous pouvez continuer et à la fin vous aurez peut-être envie de le lire et vous serez bien bai... dégoutés. Si vous l'avez lu, vous pouvez continuer et à la fin me dire ce que vous en avez pensé. Sinon je vous laisse encore un paragraphe et ensuite vous partez loin de cet article, merci.
Dès la première lecture, j'ai compris pourquoi ce comics divisait. Non seulement il est violent tendance dégueu mais les incohérences sont un peu trop nombreuses pour ne pas devenir dérangeantes. Cependant, un autre aspect a au contraire happé mon attention et mon intérêt pour la chose , voyons ça.
Attention FULL SPOILER donc.
#1
Ce premier numéro de Deadpool kills the Marvel Universe a le mérite de mettre dans l'ambiance. Égorgement et écrabouillage de supers au programme, en effet, tout va bien, ça va saigner. Ce comics a évidemment été vendu, teasé, sur son excessive violence et son hécatombe de héros donc pas de dépaysement ici, on en a pour notre argent de ce point de vue là. Pourtant le bas blesse au niveau de la justification de cette violence. Bunn a tenté, Bunn s'est planté, à mon sens du moins.
La justification via Psycho-man est non seulement relativement ridicule mais en plus carrément bizarre à saisir à la première lecture. Peut-être le fait que je ne connaisse pas Psycho-man au préalable a-t-il joué dans l'impression de ridicule total que le personnage m'a donné, qui sait. Mais un mec minuscule qui soumet les gens à sa volonté avec une control box, pardon mais c'est risible. Sa mort est cool cela dit et voir Deadpool prendre son indépendance vis à vis du scénario est assez kiffant, le meurtre des voix compris, very nice touch.
En parlant de very nice touch, grosse mention à Dalibor Talajic qui nous offre là un comics beau et carrément fanservice. Car wow, Deadpool a une sale gueule mais est quand même drôlement bonnasse et, pardonnez-moi d'insister, mais j'apprécie grandement ce petit déhanché pyromane et ces morceaux de costumes fuyants tout en bénissant le tout de ne pas se dérouler en période handsome parce que ew.
Au final donc un numéro 1 efficace mais qui pèche à vouloir tout justifier en trois pages. Un bon pétage de câble aurait suffit, quoiqu'il s'agisse à peu près de ça n'est-ce pas ? Psycho-man étant juste l'élément déclencheur. Bon pourquoi pas, de toutes façons il est on ne peut plus mort donc de ce côté là, on est débarrassé.
#2
Le numéro 2, aaah, le numéro 2. Le plus agaçant, le plus fourni en incohérences stupides... Voici Deadpool qui s'attaque aux Avengers, Spidey ouvrant le bal. Et déjà STOP, une balle dans la tête, comme ça ? No Spidey sense ? Please, c'est censé tenir de la précognition. Deadpool a même le temps de caler un petit commentaire avant de lui faire exploser le menton, je pense que le scénariste s'est dit que c'était tellement choquant qu'on ne s'arrêterait pas aux détails. C'est bien mal connaître les fans de comics et leur légère tendance à brandir chaque détail de la continuité comme le Saint Graal.
Le petit instant "Deadpool est désolé et triste" ne m'a tellement pas touché, il sonnait tellement comme une tentative de fanservice cette fois ratée que c'en était assez navrant. Vraiment dommage. Surtout que bon, après avoir décimé les Avengers, Deadpool tue Bruce Banner.
Et c'est là que je dis vraiment, mais alors vraiment de toutes mes forces STOP PUTAIN STOP.
NON, on ne tue pas Bruce Banner sans se prendre une droite de Hulk au passage, on ne tue pas Bruce Banner, allo, le seul moyen que le reste du monde a trouvé pour gérer Hulk à la fin de World War Hulk est de l'enfermer. S'il avait suffit de lui mettre Deadpool aux fesses ou de lui couper la tête, je pense qu'on aurait trouvé quelqu'un pour gérer la chose. C'est tellement, tellement incohérent, tellement, que sur le coup ça m'a juste énervé.
Heureusement on enchaîne avec un plan sur Aunt May où elle est plutôt badass et moi j'aime bien quand Aunt May n'est pas qu'une faible vieille dame.
Le numéro 2, aaah, le numéro 2. Un concentré de chauds et froids, incohérence, scène cool, incohérence, scène cool. Sans aucun doute celui que j'ai le moins aimé des 4 alors qu'il aurait du être mon préféré.
#3
Par contre le numéro 3 est bien bon. Tandis qu'on expédie rapidement les X-men que j'aime le moins, on prend le temps de gérer Xavier et Wolverine. Très classe d'ailleurs la gestion de X-23 et Daken, deux personnages que j'apprécie plus que les autres.
Vous vous souvenez quand l'instant fanservice Deadpool-triste avait foiré ? Ici la mort de Xavier offre un autre instant fanservice Deadpool-est-fou-mais-peut-être-pas-tant-que-ça qui me fait des petits frissons dans le dos et ça, ça c'est du fanservice qui me plait, qui ne plait peut-être qu'à moi je sais pas trop, mais qui me plait assez à moi toute seule pour justifier son existence. On touche là vraiment ce qui a attiré mon attention dans ce bouquin, la folie de Deadpool serait au contraire la vérité, la narration sa prison et on le voit donc dans ces quatre numéros se débattre dans sa camisole, hello Wade Wilson's War.
"Your power mutant isn't regenaration. It's popularity."
Mais tout de même, la facilité avec laquelle Deadpool se débarrasse de tous ces supers est déconcertante et laisse un petit goût d'inachevé. On commence à réaliser qu'il ne reste qu'un numéro et qu'on aurait bien aimé que tout ça soit un peu moins vite expédié... et surtout un peu plus réfléchi. A croire que Bunn a tout donné pour Psycho-man.
#4
Voici venir la fin les enfants. On commence par Daredevil qui meurt... encore, et d'une façon bien gore qui plus est (même si se crever les yeux pour un aveugle c'est quand même un peu con). Une nouvelle hécatombe plus tard, quelques blagues pas trop mauvaises sur le Punisher et nous voilà au combat final.
Un combat final assez naze, sans intérêt, un autre super dépassé par la toute puissance de l'intellect de Deadpool (huh, wait...) et une apparition magique de Man-thing. Bon. Ok. Chelou. Et encore, c'est sans compter les pages mystiques qui suivent et la fin que j'ai profondément détestée. Je compte d'ailleurs faire comme si elle n'existait pas pour le restant de mes jours. Profitez de cet instant car bientôt ce passage sera effacé de ma mémoire comme on efface le système solaire.
La fin donc. On a tenté ici une mise en abyme qui était supposée être... drôle ? Non. Classe ? Hum, non plus. Brillamment pensée ? Ahah, définitivement non. Je sais pas ce que c'était supposé être mais c'est raté. L'impression que le scénariste se fout de notre gueule parce qu'il ne savait pas comment se dépêtrer de son truc (il avait vraiment tout donné pour Psycho-man donc) est trop forte, c'est assez horrible. Il faut dire qu'il a déjà commis des trucs qui m'ont laissé dubitative le Bunn, Deadpool Family en premier lieu. J'aurai bientôt l'occasion de lire Avenging Spider-man #14 dont il a géré le scénario aussi, nous verrons cela.
Bon donc j'ai pas aimé... ou si ?
Non, pas vraiment, enfin si, mais non, quoique, faut voir. J'ai pas franchement accroché au scénario plein de trous et qui aurait définitivement mérité plus de numéros, mais il y avait de bonnes choses, certains passages réussis, certaines répliques pas mal. Par contre j'ai beaucoup aimé l'amorce de réflexion sur la folie qui touche Deadpool et les jeux avec le lecteur et la narration.
Au départ, un Watcher s'adresse aux lecteurs, Deadpool cherche par son entremise à comprendre qui "nous" sommes et c'est une piste qui aurait vraiment mérité qu'on s'y penche. Plutôt que de se lancer dans une vaste tuerie de supers pour une raison obscure qu'on finit à force de réflexion par identifier comme une volonté de les sauver de l'esclavagisme de la narration, Deadpool aurait largement pu directement chercher à atteindre les auteurs, les esclavagistes eux-même. C'est ce qu'il tente à la fin lorsqu'il veut "hacker" la création mais pourquoi pas plus tôt dans ce cas ?
Le potentiel était énorme et a été clairement saboté par la courtitude du titre et la flemme du scénariste, c'est idiot certes, mais ça ne m'empêche pas d'avoir kiffé ces pistes à peine ébauchées, ces aspects qui font un vrai bon comic book, une intrigue travaillée et qui pose les bonnes questions.
Allez, retournons lire Daredevil : End of Days voulez-vous ?